J’aime beaucoup le graphisme et le contenu des romans publiés par Gallmeister. En suivant l’actualité de cette maison d’édition, ce bouquin a retenu ma curiosité. J’ai vite trouvé sa trace en librairie !

En ce moment, à propos de ses lectures d’enfant, ma fille de quatre ans fait souvent la remarque « lui il est vraiment méchant », « lui il est gentil ». En tant que parent, c’est parfois difficile de trouver les mots pour expliquer que rien n’est tout noir ou tout blanc, d’accepter ce besoin de repères pour se construire, d’introduire quand même des notions de ce qui est bien ou mal.
Ce western m’a mis face au même questionnement. Les « héros » se sont repentis de leurs méfaits passés et mènent maintenant des vies rangées. Mais leurs crimes n’ont jamais été punis, et le passé les rattrape, sous la forme d’anciens « associés » (bien plus cruels et jamais repentis) venus se venger. C’est un affrontement entre le Bien et le Mal, sauf que le Bien est loin d’être tout blanc, même si l’auteur a tout fait pour qu’on s’y attache. Veut-on les voir survivre à la fin ? Quel triomphe espère-t-on ? Est-il juste ? Parce que nous, ces personnages, on ne les connaît que depuis le début du récit, quand ils sont déjà repentis. Leur passé, c’est de la fiction plus éloignée, ça ne compte pas pour nous, on ne veut pas les punir pour ça, surtout que l’auteur donne des circonstances atténuantes, on comprend pourquoi ils ont mal tourné dans leur jeunesse, on les excuse presque, et en comparaison avec le gang des affreux, ce qu’ils ont fait n’était pas si méchant.
Alors voilà : sous la forme d’un western brillant, où la tension monte constamment jusqu’à un sommet assez extrême, où les descriptions transportent littéralement dans des paysages arides (en tournant les pages, j’en avais presque le visage fouetté par le vent sec et poussiéreux du Montana), Zahler parvient à poser cette question de fond : où est la frontière entre le Bien et le Mal ? Qu’est-ce qui définit la vertu d’un individu : son présent, son passé, ou l’ensemble de sa vie ? J’ai toujours pas de réponse, et je sais toujours pas comment « bien » parler à ma fille du Bien et du Mal, des gentils et des méchants.
Mais j’ai passé un excellent moment de lecture grâce à ce bouquin magistral, tant sur la forme que le fond, sur l’ambiance que sur les messages véhiculés.ie justesse : le temps qui coule à son rythme implacable, indifférent à nos peurs, à nos pensées, à nos désirs ; la vie dans son plus simple appareil, celle où se mêlent l’infini et l’éphémère, le profond et le superficiel, l’insignifiant et l’essentiel, nous laissant la lourde responsabilité de tout démêler pour mieux savourer ce qui compte à nos yeux.
Et quoiqu’on en dise, moi, je trouve ça beau, la vie, quand bien même il ne s’y passe rien de significatif.

Laisser un commentaire